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L'Evolution du Vivant, 1973par Pierre Grassé, chaire de l'Evolution à la Sorbonne pendant 30 ans. Collection Sciences Aujourd'hui, Editons Albin Michel Le livre s'est adressé "tant aux biologistes, aux philosophes, et aux sociologues…"
La conclusion commence à la page 397.. Nous la reprenons au mi-paragraphe à la page 400.
"… Autant de questions, autant de silences.
Dressons le bilan de notre enquête; sans être satisfaisant, il contient quelques éléments positifs et rejette des interprétations souvent présentées comme des certitudes.
I. L'évolution, phénomène orienté, ne se nourrit pas seulement de variations héréditaires aléatoires, que trie une sélection opérant pour le bien d'une population.
2. L'évolution exige l'acquisition, au cours des temps, au fur et à mesure que les organismes se compliquent, de nouveautés dont l'information s'insère dans les brins d'ADN sous la forme de nouveaux gènes.
3. L'apport d'information et la création subséquente de gènes sont des mécanismes profondément distincts de la mutagenèse productrice d'allèles.
4. La paléontologie révèle que les lignées issues d'une souche commune (forme mère) jouissent toutes d'une même tendance à réaliser une certaine forme, un certain type ou idiomorphon, mais à des degrés inégaux.
5. L'évolution, dans ce qu'elle a d'essentiel, dépend d'un travail s'effectuant au niveau des infrastructures, et déclenché par des facteurs internes et externes. a pour effet de produire certaines enzymes, rappelant vraisemblablement des polymérases, qui synthétisent, à l'aide des nucléotides libres dans le suc nucléaire ou dans le cytoplasme, un nouvel ADN, de nouveaux gènes. Nous insistons sur le fait que l'inscription dans le code génétique de l'information est une opération distincte de l'acquisition; elle la suit et ne s'effectue pas simultanément comme dans le cas de la mutation. Il se peut que l'élaboration de l'information soit lente et se continue pendant de très nombreuses générations; la paléontologie nous apprend qu'il en est bien ainsi dans la réalité. Pour tout dire, l'ADN enregistre, stabilise l'évolution, mais ne la crée pas.
6. La mutagenèsè qui correspond aux erreurs de copie de l' ADN est secondairement utilisée par l'organisme pour réaliser le génotype le mieux adapté aux conditions du milieu ambiant. Elle est la cause principale des différences entre individus, races et espèces.
Si l'évolution se fait sans acquisition de gènes nouveaux, il faut admettre que le premier être vivant contenait en lui suffisamment de gènes pour engendrer par mutation de ceux-ci les flores et les faunes passées,c présentes et futures. Ce qui est absurde.
Faire appel à un mécanisme autre que mutatif et aléatoire s'impose à tout système prétendant expliquer l'évolution.
C'est bien ce que comprennent les darwiniens réformateurs et les biologistes de tendance lamarckienne, d'où leurs recours à des facteurs internes.
Les efforts conjugués de la paléontologie et de la biologie moléculaire, celle-ci débarrassée de ses dogmes, devraient aboutir à la découverte du mécanisme exact de l'évolution, sans peut-être nous révéler les causes de l'orientation des lignées, de la finalité des structures, des fonctions, des cycles vitaux. Il est possible que, . dans ce domaine, la biologie, impuissante, cède la parole a la métaphysique. "
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